On recherche toujours les meilleurs profils pour constituer une équipe, normal, mais on cherche quelquefois longtemps, Pour une meilleure efficacité on met à l’écart certaines personnes qui ralentiraient l’équipe. On se retrouve avec une équipe très homogène. Au final est-ce toujours profitable ?
J’ai dû une fois refuser une embauche d’un ingénieur après sa période d’essai car on craignait qu’une santé fragile altère ses performances. Evidemment pas question de lui dire cela, ça frôle la discrimination ! Annoncer la nouvelle en usant de faux prétextes m’a mis très mal à l’aise. Je me suis toujours demandé ce qu’il nous aurait apporté et que nous avions perdu. J’ai évité de refaire la même erreur par la suite.
J’ai donc accepté des profils atypiques en choisissant de parier sur leur implication future ou sur les progrès qu’apporterait l’expérience.
Le premier cas que j’ai eu à traiter est celui d’un chef d’équipe, 50 ans, au chômage depuis presque un an qu’un autre responsable de production avait refusé au motif qu’il aurait du mal avec l’informatique. Comme le besoin de chefs d’équipe était constant, la responsable RH m’avait appelé « tu auras peut être une autre sensibilité ».
Je l’ai embauché. La RH m’a demandé ce qui m’avait décidé, j’ai répondu : « Lorsque je l’ai emmené dans l’atelier il s’est illuminé. Il a salué tout le monde, touché les machines… il était chez lui, à sa place. L’informatique ? On se débrouillera ».
J’ai embauché une jeune ingénieure sans expérience pour la lancer au milieu de vieux roublards qu’elle a fort bien su maitriser par son tempérament ferme et souriant.
J’ai accepté de donner un poste, contre bien des avis, à un cadre mis « au placard » depuis 2 ans. Il avait une telle envie de se rendre utile et de montrer qu’il était capable de réaliser quelque chose que le pari m’a paru valoir la peine. Dans un poste qu’il découvrait, sans jamais faire d’étincelles, il s’en est bien sorti, a rendu service et s’est fait apprécier. Il a pu reprendre par la suite un poste plus motivant encore.
Un peu de diversité, de challenge, ne nuisent pas à l’efficacité, le sentiment d’avoir été choisi malgré les faiblesses qu’on vous reproche apporte un surcroit de motivation qui compense souvent les lacunes supposées. Bien sûr il faut s’impliquer pour former, encourager et assister au début et surtout travailler la polyvalence (Post 10).